Anne, ma sœur Anne,
Oui Anne, tu étais ma sœur, ma petite sœur.
Physiquement nous nous ressemblions ; bien des gens nous confondaient d’ailleurs.
Tu étais ma sœur ; tu sais celle avec laquelle on échange tout, bien plus qu’avec une sœur biologique. Tu n’étais pas bavarde sur toi-même mais tu m’as si souvent ouvert ton cœur. Je te remercie de cette confiance que tu m’avais donnée.
En 2001, je faisais mes tout premiers pas à l’AISG ; j’ai le souvenir très vague de t’avoir croisée à Budapest en Hongrie lors de la Conférence européenne ; j’étais submergée par le monde et j’essayais de prendre mes marques.
C’est en 2002, lors de la Conférence mondiale de Vancouver, au Canada, que nous nous sommes découvertes. Je crois que ce qui a été l’aimant de notre rencontre est notre appartenance toutes les deux à des associations de scoutisme laïque ; toi en Belgique, moi en France. Tu étais vraiment, et tu ne t’en cachais pas, très anticléricale.
J’ai été fascinée durant toutes nos années par ta passion du scoutisme et du guidisme ; tu donnais l’impression de ne vivre que par et pour eux. Il y a quelques années tu m’as emmenée à Gilwell ; il y avait un camp ; je ne sais plus le cadre ; mais tu connaissais tout le monde, tous les Anglais qui étaient là. C’était incroyable. Tu étais appréciée de tous. Je ne parle pas de ton implication passionnée dans la Guilde des Ambassadeurs.
2004 : Conférence européenne à Canterbury, au Royaume Uni ; je nous vois encore discuter sur un banc dans la cour de l’Université ; c’est à ce moment là que nous avons commencé à refaire notre monde, l’AISG ; nous étions souvent d’accord sur bien des sujets. C’est aussi à Canterbury, que, après une consultation, j’ai dit que j’étais prête à me présenter à la Présidence du Comité mondial ; tu étais heureuse et tu m’as soutenue ; cela m’a fait du bien ; et c’est à cause de notre complicité que je t’ai suggéré de te présenter au Comité mondial.
2005 : Conférence mondiale de Lillehammer, en Norvège ; nous avons été élues, toi au Comité mondial et moi à la Présidence. Trois ans de travail ensemble.
En trois ans , nos factures de téléphone ont explosé ! Heureusement les réunions à Bruxelles nous permettaient de poursuivre nos discussions. C’est lors de ces visites que j’ai découvert ton goût pour les bons repas bien arrosés. Tu m’as fait découvrir maints et maints bons restaurants de Bruxelles. Ces têtes-à têtes me manqueront.
2007 : La Flamme de l’Esprit Scout et Guide passe en Belgique. Tu était venue à Paris et à Moissons pour les diverses cérémonies ; et tu as récupéré la Flamme à Péruwelz –que de fous rires quand tu me reprenais car j’étais incapable de bien prononcer ce nom correctement !. Et nous l’avons transportée toutes les deux ensemble à travers la Belgique…je t’avais transmis le volant d’une des Toyota Prius décorées avec le logo de la Flamme ; je ne sais plus le nom des villes ; mais je me souviens des Géants, en particulier celui de Baden-Powell ; je me souviens d’un magnifique feu de camp près de Bruxelles…la photo est encore dans ma chambre ! Et à Bruxelles ! le délire ; la Grand-Place noire de monde, le Géant de Baden Powell est là en maître des cérémonies, le Manneken Pis est en uniforme scout, la réception à l’Hôtel de Ville est somptueuse ; et cerise sur le gâteau, nous sommes parties ensemble dans la Toyota que tu conduisais escortées de 4 motards de la gendarmerie ; nous avions rendez-vous à la Commission européenne. Petite souris tu avais tout organisé avec tes amis belges. C’était inimaginable. L’AISG pour un moment devenait plus que visible.
2008,…je saute un peu les étapes..Conférence mondiale de Vienne, en Autriche ; Brett me remplace à la Présidence du Comité mondial et tu deviens vice-présidente. Et pendant des années encore après nous avons refait l’AISG ! Même jusqu’à la Conférence européenne de Tours en France de 2016 !
Le « Scout sert l’Amitié entre les hommes » ; tu t’es beaucoup intéressée aux actions humanitaires ; celle avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. Le HCR ; avec lequel l’AISG avait signé un accord de partenariat en 2007. En 2008 tu es venue à Paris à la réunion faite par la représentation française du HCR dans le cadre de la Journée mondiale du Réfugié. Les femmes réfugiées. Est sorti de là le projet de don de fournitures scolaires à des enfants du Burundi. Tu t’es beaucoup intéressée à ce projet ; tu te souviens à la Conférence européenne de Chypre en 2010 ; nous avions été assez convaincantes pour récolter plus de 500 euros. Tu voulais venir avec moi au Burundi en décembre 2010 mais ton emploi du temps t’en avait empêchée. Tu l’as toujours regretté tant l’action avait été réussie.
Un jour tu me téléphones pour me dire que tu venais d’être en contact avec une association de fonctionnaires internationaux qui financent de petites actions en Afrique.
Grâce à l’intérêt que tu portais à mes activités en Côte d’Ivoire, tu m’a aidée à monter un projet qui a été financé par cette association. Des villageoises ivoiriennes ont été formées à la fabrication d’attiéké, semoule de manioc, de très bonne qualité : elles vivent encore maintenant de leur commerce.
Tours, France, septembre 2016 ; tu voulais absolument venir à cette Conférence européenne ; tu n’étais de nouveau pas bien et deux de tes amies t’ont amenée ; qu’elles en soient vivement remerciées ; c’est la dernière grande réunion AISG à laquelle tu as participé. Tu as lutté très fort pour être là. Merci.
Un petit sursaut de forces t’a amenée à Budapest en novembre ; était-ce trop ?
Nous sommes tristes que tu sois partie. Tu ne supportais plus d’être ainsi diminuée et peut-être est-ce mieux ainsi ; tu as retrouvé tes parents, ton frère.
Anne, au revoir, pour toujours.
Commentaires
Toujours prête à soulever des montagnes mais il y en a qui sont plus fortes que nous, contre lesquelles nous ne pouvons rien même armé de la " BP Spirit".
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